Œuvre artistique de la semaine : Les mangas
Le terme « manga » (de « man» , qui signifie, selon le contexte, l'imprécision ou la légèreté, et « ga » qui désigne la représentation graphique) peut être traduire » par « dessin au trait libre » ou bien esquisse au gré de la fantaisie ». On trouve aussi la traduction par « images dérisoires », qui est plus péjorative. Hokusai (1760-1849) est le premier à avoir employé ce terme pour désigner ses recueils de croquis et de caricatures.
Aujourd'hui, au Japon, le terme est employé pour désigner les bandes dessinées quelle que soit leur origine géographique. Au Japon, tout le monde lit du manga, n'importe où et n'importe quand. Il y en a pour tous les goûts, pour tous les âges et c'est très bon marché.
A partir de 1890 le terme manga s’impose pour désigner les dessins de presses, les bandes dessinées (strips inspirés de l’Europe et des USA).
En 1905, apparaît Tokyo Puck, revue inspirée par les family-strips américains. En 1931, c'est la revue pour enfant Shonen Club où Shuiho Tagawa y crée le personnage de Norakuro, petit chien militariste, qui devient le premier emblème de la BD japonaise.
En 1947 influencé par la bande dessinée et le cinéma occidentaux, Osamu Tezuka publie sa version de l’Île au trésor : La Nouvelle île au trésor. On considère qu’il est le père fondateur de la bande dessinée moderne au Japon avec des titres de références comme Lost World (1948), Metropolis (1949), Jungle Tatei (1950), Astro Boy, Bouddha (1972).
Au début des années 50, de nombreux mangas ont le sport pour sujet (basket, judo …) et voit l'explosion du nombre d’éditeurs de mangas.
Au début des années 70 Keiji Nakazawa entame la publication dans Shonen Jump de Gen d’Hiroshima, souvenirs du bombardement d’Hiroshima et de ses suites.
En 1972 la série Mazinger Z chez Dynamic productions, initie le mecha manga, le manga de robots. Les produits dérivés sont alors conçus parallèlement à la BD ou au film d’animation (les principales séries Goldorak, Patlabor de Yutaka Izubuchi).
En 1984 Akira Toriyama lance la série Dragon Ball (revue Shonen Jump) qui est un hit planétaire.
Les années 80 marquent l'apparition du manga en France. On s'habitue au graphisme par les dessins animés (Candy, Albator, Goldorak...) et les premiers mangas débarquent (Akira, Dragon Ball...). Le manga, par plusieurs aspects, tranche totalement avec la bande dessinée franco-belge et même avec la bande dessinée américaine. Le lecteur français découvre, fasciné, quelque chose de nouveau : le sens de lecture Très vite, les éditeurs vont publier les mangas dans le sens de la lecture, à la japonaise, c'est à dire de droite à gauche. Cela est maintenant totalement familier des jeunes lecteurs.
De nos jours, sur 53 millions de BD vendues en France, 42% sont des mangas.
le graphisme
Les yeux surdimensionnés sont souvent une des caractéristiques les plus connues. Le style est parfois très différent à l'intérieur d'une même œuvre. Un dessin très réaliste peut côtoyer un autre beaucoup plus caricatural.
les plans
Plongée et contre-plongée sont très présents. Les personnages sortent parfois de la case, l'« explosent ».
Les indications de mouvements, de vitesse sont très présentes (abondance de traits autour d'un personnage).
la narration
Elle aussi diffère : l'ellipse est peu présente dans le manga contrairement à la bande dessinée franco-belge. Le récit est dilaté. Le manga ayant un plus grand nombre de pages qu'un album, on prend davantage le temps du récit.
la couleur
La bande dessinée japonaise s'est construite sur le mode du feuilleton, par le biais des magazines de pré-publication. De nombreux auteurs (et leurs assistants!) livrent jusqu'à 30 pages par semaine. Une publication en couleurs coûterait trop cher.
les onomatopées Une spécificité du manga : elles sont parfois intégrées au dessin et contribuent à donner du sens. Ceci pose le problème de la traduction. En effet, si elles sont trop liées au dessin, on ne les effacera pas. Un astérisque renvoie alors à une traduction en bas de case.