Oeuvre artistique de la semaine : Les masques Kwelé

Le masque occupe une place majeure dans les arts premiers. Il intervient dans les grandes institutions religieuses et politiques. La diversité des fonctions remplies par les masques africains est immense. D’un point de vue artistique, ces masques sont aussi remarquables par l’incroyable richesse des formes et des matières entrant dans leur composition.

MASQUE EN BOIS BLANCHI EN FORME DE CŒUR Culture Kwélé, Congo, Afrique. Bois, kaolin. 28 x 31,2 x 7,9 cm, 1949 g, musée du quai Branly – Jacques Chirac

Etablis au nord de la République du Congo, les Kwélé (ou Bekwel, Bekwie, Bakwil, Kwele, Bakwele, Bakwélé) sont connus par leur célèbre masque Ekuk. Sculpté dans un panneau ovale, une série de trois paires d’yeux en forme de grains de café, parfois l’esquisse d’un nez triangulaire, l’objet aux motifs blancs sur fond sombre a captivé l’attention des peintres et sculpteurs contemporains.

Ces masques Kwélé sont appelés ekuk. Ils sont plats, avec des yeux incisés, souvent de couleur blanche en forme de coeur, un nez triangulaire et des yeux en forme de grain de café. Ces masques accrochés dans les maisons étaient rarement portés durant les cérémonies d'initiation du culte des bwété. Leur fonction était d'animer un village afin d'activer les forces bénéfiques habitant le bwété.

Les Kwélés sont présents dans les zones forestières du Gabon et du Congo. Pour eux, la forêt est peuplée d’esprits bienveillants appelés ekuk. Ils sculptent de très beaux masques en forme de cœur qui incarnent ces esprits mais aussi les esprits ancestraux. Les masques servent à solliciter l’aide des esprits pour résoudre les problèmes auxquels la communauté se trouve confrontée (maladie, famine, chasse infructueuse, etc.) et lutter contre les sorciers malfaisants.

Ces masques apparaissent au cours de festivités organisées en l’honneur de ces esprits pour susciter leur bienveillance. Ils sont portés par des danseurs revêtus de costumes faits de tissu, de paille et de feuilles.

Certains masques Kwélé ne sont pas dotés de fentes au niveau des yeux car ils ne sont pas destinés à être portés.

L’abstraction des formes de ces masques est sublimée par la symétrie des lignes. L’équilibre des surfaces planes est souligné par le jeu chromatique à base de noir, de brun et de blanc. Chez les Kwélé, le blanc est associé à la lumière et symbolise la lutte contre les maléfices.