Oeuvre artistique de la semaine : le Cairn de Gavrinis
Le cairn de Gavrinis est un monument mégalithique situé à Larmor-Baden à 30 km de Carnac dans le département du Morbihan en Bretagne. C'est l’un des plus exceptionnels sites préhistoriques de France : une monumentale architecture funéraire de pierre sèche, abritant un dolmen.
Situé sur l'Île de Gavrinis, au cœur du Golfe du Morbihan, il a été construit il y a plus de 6000 ans, et est aujourd'hui reconnu dans le monde entier pour la profusion de ses décorations gravées. Ce site exceptionnel est un site majeur du projet d'inscription des sites mégalithiques morbihannais au patrimoine mondial de l'humanité.
Le cairn a été érigé il y a plus de 6000 ans au cours du Néolithique, bien avant Stonehenge, les célèbres pyramides d’Egypte et les Moaï de l’île de Pâques.
Le cairn de Gavrinis est une architecture funéraire de pierre sèche, abritant une sépulture de nos lointains ancêtres.
Le cairn de Gavrinis est reconnu dans le monde entier par ses dimensions : plus de 50 m de diamètre, 6 m de haut pour un volume global de 6600 m³, et pour la multitude de ses ornementations gravées, d’une rare finesse, que l’on ne retrouve nulle part au monde. Haches, arcs, spirales etc … sont ainsi représentés.
Il domine aujourd’hui le Golfe du Morbihan, mais il y a 6000 ans, il surplombait le profond chenal de la rivière de Vannes. En s’inscrivant de la sorte dans le paysage, il remplit une fonction symbolique et atteste de la volonté des hommes du néolithique de s’organiser et de marquer leur territoire.
Le cairn de Gavrinis recouvre un dolmen à couloir de 14 m de long, au bout duquel se trouve l’unique chambre funéraire, presque carrée, de 2,50 m de côté. Construit , le cairn de Gavrinis est en effet à vocation funéraire. Des membres choisis de la société y étaient certainement inhumés accompagnés d’objets de prestige (haches, bijoux, céramiques…).
Communément appelé « la Sixtine du Néolithique », le cairn de Gavrinis est un véritable trésor architectural et ornemental, dont les scientifiques ne cessent de chercher à en comprendre la signification de ce riche décor gravé car les 29 dalles qui composent l’intérieur du monument sont presque toutes entièrement gravées…
« Presque toutes les pierres composant ses parois sont sculptées et couvertes de dessins bizarres. Ce sont des courbes, des lignes droites, brisées, tracées et combinées de cent manières différentes (…) Il y a encore des chevrons, des zigzags et bien d’autres traits impossibles à décrire » (Prosper Mérimée, Notes de voyages dans l’Ouest de la France, 1836)
En visitant le cairn de Gavrinis, vous serez surpris des prouesses techniques des hommes et femmes du Néolithique dans l’érection d’un tel monument, par l’exubérance des gravures, mais également par l’origine même des dalles. Certaines viennent de loin. L’une d’entre elles, de plus de 23 tonnes, a par exemple, été déplacée sur plus de 4 km, à une époque où le Golfe du Morbihan n’était pas encore la « petite mer » que nous connaissons aujourd’hui… La visite du cairn de Gavrinis révèle un grand nombre de mystères…
Les premières fouilles connues du site datent de 1835 avec le dégagement du dolmen intérieur. L'inspecteur des monuments historiques de l'époque, Prosper Mérimée, venu cette année alors que le dégagement était en cours, y décrit les traces de l'activité artistique dans ses Notes d'un voyage dans l'Ouest de la France : « Ce qui distingue le monument de Gavrinis de tous les dolmens que j’ai vus, c’est que presque toutes les pierres composant ses parois sont sculptées et couvertes de dessins bizarres. Ce sont des courbes, des lignes droites, brisées, tracées et combinées de cent manières différentes »
D'autres campagnes de recherches ont été menées par des archéologues et les premiers travaux de restauration ont commencé vers 1930.
Le département du Morbihan a racheté le monument en 1961. À partir de 1969, le ministère de la culture et le Conseil général du Morbihan ont entrepris une série de travaux de restaurations et de fouilles qui ont profondément modifié la connaissance de ce monument.
En 1984, les archéologues ont dégagé la face cachée des dalles. Plusieurs gravures sont alors apparues. Certaines de ces pierres semblent provenir de monuments plus anciens qui auraient été réutilisées. En effet les gravures qu'on trouve à leur surface sont d'un style figuratif complètement différent de celui qu'on trouve à l'intérieur du dolmen. Le cas le plus spectaculaire est celui de la dalle recouvrant la chambre dont la face cachée était ornée d'un bovidé, des cornes d'un caprin (peut-être un aurochs et un bouc) et d'un motif qu'on retrouve dans d'autre monuments de la région et dont la signification est controversée (on parle souvent de « hache-charrue » ou de représentation de cachalots). Elle se raccorde à deux autres pierres dont l'une forme une partie de la couverture de la Table des Marchand et l'autre la couverture du caveau d'Er Vinglé, à Locmariaquer, distants d'environ 4 kilomètres du site, à vol d'oiseau.
Charles-Tanguy Le Roux, archéologue alors responsable des fouilles, a montré par l'étude des cassures et des décors que ces morceaux formaient un menhir de 14 mètres de haut qui était sans doute élevé non loin du grand menhir brisé d'Er Grah. Ce menhir fut abattu et débité pour couvrir les tombeaux
En 1985, le monument a été mis en valeur afin de permettre les visites par le public. En 2006, après quarante ans de labeur, l'espoir d'éclaircir le sens ou le but de cette réalisation mégalithique est rendu possible.
En 2013, le cairn est entièrement numérisé au laser, permettant une représentation en trois dimensions de la tombe. Il est le premier site mégalithique en France à bénéficier de cette technique.
Orthostate gravé de cercles rayonnants ou pointés, motifs pouvant être lus comme une stylisation des ondes des vagues à crêtes aiguës