Oeuvres artistiques de la semaine : Fabliaux, romans et chansons de gestes au Moyen-Age
Les fabliaux sont de courts récits en vers, amusants, parfois émouvants et généralement terminés par une morale. Les personnages sont des paysans, des femmes ou des prêtres, souvent présentés de façon moqueuse.
Le fabliau, Brunain, la vache du prêtre a été écrit par le trouvère Jean Bodel (1165-1210).
C’est l'histoire d'un vilain (synonyme de paysan) et de sa femme, qui ont entendu le curé dire que Dieu rend le double de ce que l'on donne de bon cœur. Ils décident donc de lui donner leur vache Blérain.
Brunain, la vache du prêtre
Le vilain entre dans l'étable, tire la vache par la corde et va l'offrir au curé.
Celui-ci était très malin. Il voulait toujours s’enrichir.
« Beau sire, fit le vilain, les mains jointes, pour l'amour de Dieu je vous donne Blérain. »
Et il lui met la corde dans la main en jurant qu'elle ne lui appartient plus.
« Ami, tu viens d’agir avec sagesse, dit le prêtre. Repars chez toi, tu as fait ce que tu devais. Si tous mes paroissiens étaient aussi sages que toi, j’aurais un grand nombre de bêtes ! »
Le vilain repart. Aussitôt le prêtre ordonne que pour l'apprivoiser, on attache Blérain avec sa propre vache, Brunain. On attache les deux vashes ensemble et on les laisse.
La vache du curé veut brouter : elle baisse la tête. Mais Blérain ne le supporte pas et elle tire si fort sur la corde qu'elle entraîne Brunain hors du pré. Elle la mène ainsi à travers les fermes, les jardins, les prés et elle revient chez elle avec la vache du prêtre. Le vilain la voit arriver et ressent une grande joie.
« Ah ! Femme, dit-il, c’est vrai que Dieu rend le double ! Blérain est revenue, avec une belle grande vache brune. Nous en avons deux pour une. Notre étable va être trop petite. »
Au Moyen-Age, la poésie a d'abord été chantée par les troubadours et les trouvères. Mais à la fin du Moyen-Age, la poésie s'est détachée de la musique avec, par exemple, François Villon.
François Villon (1431- 1463) est le poète le plus célèbre du Moyen-Age. Il a étudié à l'Université mais il a mené une vie agitée qui l'a conduit à la misère.
« Hé ! Dieu, si j'eusse étudié
Au temps de ma jeunesse folle
Et à bonnes mœurs dédié,
J'eusse maison et couche molle.
Mais quoi ? je fuyais l’école,
Comme fait le mauvais enfant.
En écrivant cette parole,
A peu que le cœur ne me fend. »
François Villon, Le testament, 1461
La chanson de geste.
A partir du XIème siècle, des récits divers apparaissent. De longs poèmes épiques, les chansons de geste, célèbrent les exploits guerriers des chevaliers.
La chanson de Roland est la première chanson de geste de la littérature française. Elle comporte environ 4 000 vers (dans sa version la plus ancienne ; elle en compte 9 000 pour un manuscrit de la fin du XIIIe siècle) en ancien français, transmises et diffusées en chant par les troubadours et jongleurs.
Elle relate, trois siècles après, le combat fatal du chevalier Roland, marquis des marches de Bretagne et de ses fidèles preux contre une armée Vasconne à la bataille de Roncevaux en représailles au pillage de Pampelune.
La chanson de Roland (estrait) :
Après avoir combattu les Sarrasins, maîtres de l'Espagne, Charlemagne rentre en France avec ses troupes et laisse une arrière-garde commandée par son neveu Roland. Mais un traître, Ganelon, a averti les Sarrasins et leur roi Marsile que cette arrière-garde est peu nombreuse. Les Sarrasins lancent une attaque dans le défilé de Roncevaux.
« Olivier est monté sur une hauteur d'où il domine alors largement le royaume d'Espagne. Il voit l’immense rassemblement des Sarrasins, leurs casques brillants aux pierreries serties dans l’or, leurs cuirasses couleur de safran, leurs épées, leurs bannières fixées aux hampes. Il ne peut même pas faire le compte des bataillons : il y en a tant qu’il ne peut en évaluer le nombre. Il en est intérieurement tout bouleversé. Il descend en courant le plus vite possible pour rejoindre les Français auxquels il décrit tout.
Olivier dit : «Les Sarrasins ont des troupes considérables et les nôtres me semblent bien minces. Ami Roland, sonnez donc de votre cor. Charles l’entendra et l’armée fera demi-tour. »
Mais Roland réplique : « Ce serait une folie et en douce France je perdrais ma réputation. Sans attendre je vais frapper de grands coups avec Durendal et sa lame en sera trempée de sang. C’est pour leur malheur que ces traîtres sont venus au défilés. Je vous en donne ma parole, tous sont condamnés à mort. »
Le roman de Renart : Ysengrin dans le puits (Miniature de Jacquemart Gielée – vers 1290 – 1300 – BNF, Paris))
Au Moyen-Age, les romans racontent les aventures des chevaliers, qui combattent pour conquérir leur dame ou la défendre.
A la fin du XIIème siècle, le Roman de Renart est une parodie des chansons de geste et des romans de chevalerie, à travers les aventures d'un renard et d'autres animaux.
Le Roman de Renart est un recueil de récits du Moyen Âge, écrits entre 1170 et 1250 par plusieurs auteurs, la plupart étant inconnus.
Le Roman de Renart est un roman : on entend par là un récit en langue romane (en français), et non en latin. Il était destiné à divertir les gens du peuple, à les changer des romans de chevalerie. Les personnages sont ici des animaux personnifiés, c'est-à-dire à qui on a donné des caractères humains comme la parole par exemple.
Ce roman raconte l'histoire d'un goupil nommé Renart (nom propre, d'où est issu le nom commun renard qui a supplanté l'ancien mot goupil). Renart est très malin : au fil des nombreuses histoires, on voit les méfaits de Renart, qui s'en sort toujours. Cela commence par des petits vols, destinés à nourrir sa femme et leurs trois fils, ou des blagues contre le loup Ysengrin qui est un peu son souffre douleur.
Ysengrin et le puits
Renart qui était tombé dans un puits vit son « ami»Ysengrin, il lui dit qu'il était en train de mourir au fond du puits.
Ysengrin lui répondit qu'il en était fort désolé. Mais Renart lui répondit qu'il était content d'aller au paradis.
Il ajouta qu'au paradis il y avait plein de bonnes choses à manger. Ysengrin se lécha les babines et sauta dans le seau pour aller au « paradis».
Comme il était nettement plus lourd que Renart, il descendit comme une flèche au fond du puits pendant que Renart remontait à la surface. Le pauvre loup se retrouva
coincé au fond du puits.
Ysengrin se rend compte de son erreur... un peu tard !
Le propriétaire du puits le trouva et le chassa à coups de bâton.
Ysengrin rentra chez lui, abattu et trempé. Mais en chemin il jura de se venger de Renart.
Renart s'en sort parfois au dernier moment : par exemple, quand il est condamné à mort et que sa femme apporte de l'argent au roi Noble, le lion, qui le fait libérer. Puis Renart fait la cour à la reine Fière, qui tombe amoureuse de lui.
Noble, qui part faire la guerre aux infidèles et a toute confiance en Renart, le fait devenir roi par intérim, en attendant son retour.
Renart tombe amoureux de la reine, mais quand le roi revient et qu'il découvre sa liaison, Renart est obligé de fuir. Il sera tué par le roi ; pris de remords, ce dernier lui fait de belles funérailles.