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Oeuvre de la semaine : La Première Guerre Mondiale et la peinture

Publié le par la classe de CM1-CM2

La guerre de 14-18 marque une rupture sans précédent dans l'histoire des manières de combattre : la guerre de mouvement où deux armées s'affrontaient face à face laisse place à un conflit de position, enterré, long, presque à distance avec l'utilisation d'armes de longue portée (obus, chars, fusils, mitraillette…). Comme le disait Félix Vallotton, peintre officiel envoyé sur le front pour représenter la guerre :

« Peindre la guerre aujourd'hui, ce n'est plus peindre des tableaux de bataille ».

Explosion d’obus (Bursting shell)

Explosion d’obus (Bursting shell)

Explosion d’obus (Bursting shell)

Christopher Nevinson, 1915
Huile sur toile (H : 0,76 m ; L : 0,56 m), Londres

 

Christopher Richard Wynne Nevinson, né le 13 août 1889 à Londres et mort le 7 octobre 1946 dans la même ville, est un peintre de paysage et un portraitiste anglais. Il est également graveur et lithographe.

Dans ses œuvres, il exprime l'idée que la guerre moderne doit être peinte de manière moderne. Pour lui, il est impossible de représenter les explosions des obus, ou le déchaînement de l’artillerie : il ne faut plus imiter, il faut transcrire. Pour exprimer la déshumanisation et la violence de la guerre, ces peintres vont briser les lignes, délaisser le détail, pour faire éclater les couleurs.

Nevinson (1889-1946) apparaît comme l'un des principaux peintres de la Grande Guerre, au même titre que Léger en France et Dix en Allemagne.

 

La Partie de cartes

La Partie de cartes

La Partie de cartes

Fernand Léger,1917

Huile sur toile (H : 1,29 m ; L : 1,93 m),

Otterlo, musée Kröller-Müller (Hollande).

 

Fernand Léger (1881-1955) est un peintre français, aussi créateur de cartons de tapisseries et de vitraux, décorateur, céramiste, sculpteur, dessinateur, illustrateur.

Dans la partie de cartes, Léger veut montrer comment il perçoit les événements historiques dont il est le contemporain : le premier conflit mondial.

On y voit la déshumanisation des personnages, l'homme-machine comme un outil au service de la guerre qui élimine l'être humain. L'absence d'expression des visages traduit les ravages des combats sur le moral des hommes.

La partie de cartes qui est un thème courant dans la peinture : la guerre est comme un jeu de cartes. Il faut abattre ses atouts, jeter les soldats dans la bataille au bon moment.

1917 est aussi une période de guerre de position : les soldats passent du temps à ne rien faire et donc à jouer aux cartes.

Ce tableau appartient au cubisme, style qui s'oppose au réalisme et joue avec la décomposition des formes : cubes pour la tête et le tronc, tubes circulaires pour les bras, cercles pour les articulations. Léger figure les hommes à l'aide de figures géométriques car il perçoit la guerre comme une industrie bien huilée qui « se déclenche mécaniquement ».

Après les affrontements, les sites étaient tellement dévastés, retournés sans dessus dessous, qu'il ne ressemblaient à rien de reconnaissable : les constructions pulvérisées, les ruines, les trous d'obus formaient un imbroglio indescriptible.

Les joueurs de Skat

Les joueurs de Skat

Les joueurs de Skat

Otto Dix, 1920

peinture et huile sur toile, Neuenationalgalery Berlin


 

Peintre allemand. Otto Dix (1891-1969) a été envoyé au front pendant la première guerre mondiale (notamment en France). L’horreur de la guerre le marque énormément et devient la base de ses œuvres. Dans ses œuvres il n’exalte pas l’héroïsme des combattants mais il dénonce la sauvagerie destructrice.

Ce tableau de 110 x 87 cm montrent trois hommes plutôt jeunes, tous très mutilés, qui font une partie de skat dans le décor sombre d'un café, seulement éclairé par une lampe à gaz. Sur le globe de la lampe, on peut apercevoir une tête de mort. Derrière les joueurs, de véritables journaux ont été collés. Sur la droite, on remarque un porte-manteau métallique aux crochets vides.

Ces messieurs soignent leur apparence : ce qui reste de leur chevelure et leurs moustaches sont bien peignées, leurs vêtements semblent faits de tissus de bonne qualité et sont adaptés à leurs handicaps. Deux sont vêtus en civil. Le troisième à droite, porte une veste militaire avec une croix de fer. Les mutilations sont très graves.

 

Cliquer ici pour une vidéo (1 minute au musée)

Otto Dix (à droite) - Deutsches Bundesarchiv - Photo Zimontkowski

Otto Dix (à droite) - Deutsches Bundesarchiv - Photo Zimontkowski

L'artiste peintre allemand Otto Dix (Wilhelm Heinrich Otto Dix), naît le 2 décembre 1891 à Untermhaus près de Gera. Il décède 25 juillet 1969 d'une congestion cérébrale à l'hôpital de Singen.

Au cours de son enfance, Otto Dix séjourne souvent à Naumburg, chez le peintre Fritz Amann.

De 1897 à 1906, il fréquente l'école primaire de Untermhaus, où il est encouragé par son professeur de dessin. De 1906 à 1910, il suit un apprentissage de peintre-décorateur à Gera, et prend des leçons de dessin le soir, à l'école de Untermhaus.

Otto Dix entre à l'école des Arts décoratifs de Dresde en 1910. En 1911, il lit les oeuvres de Friedrich Nietzsche. En 1914, il modèlera le buste du philosophe. Otto Dix découvre Van Gogh à la galerie Arnold en 1912, les futuristes italiens en 1913 lors de l'exposition "Les futuristes italiens de la galerie Sturm" et les expressionnistes allemands en 1914 lors de l'exposition "La nouvelle peinture.

Otto Dix

Otto Dix

Lors de la première guerre mondiale, Otto Dix est envoyé au front, en France, en Flandre, puis en Russie et de nouveau en France. Il envoie alors des dessins, très modernes, sur la guerre et en 1916, il participe pour la première fois à une exposition officielle à Dresde intitulée "Deuxième exposition des artistes de Dresde appelés au front", présentant 16 dessins de guerre.

Dans ses oeuvres, Otto Dix ne fait preuve d'aucun respect pour les combattants, ses anciens camarades. Loin d'exalter l'héroïsme, il dénonce la sauvagerie destructrice. L'artiste ne cesse de témoigner des effets de la guerre sur l'homme, la nature et le patrimoine.

La tranchée, 1918

La tranchée, 1918

la tranchée

la tranchée

Oeuvre de la semaine : La Première Guerre Mondiale et la peinture

En 1919, le conflit terminé, Otto Dix s'inscrit à l'académie des Beaux-Arts de Dresde.
En 1920, il peint "Erinnerung an die Spiegelsäle von Brüssel". Il participe à la première foire internationale Dada à Berlin et à une "Dadaistische Soirée" à Dresde. En 1921, Otto Dix s'initie à la gravure et à la lithographie.

En 1922, il s'installe à Düsseldorf. Otto Dix se marie avec Martha Koch. En 1924, il voyage en Italie. En 1925, il s'installe à Berlin et peint une suite de grands portraits.
En 1926, sa première exposition personnelle a lieu à Berlin, puis à Munich.

Le soldat blessé, 1924

Le soldat blessé, 1924

Les invalides de guerre, 1920

Les invalides de guerre, 1920

En 1927 Otto Dix est nommé professeur à l'Académie des beaux-arts de Dresde.
Otto Dix expose des tableaux à Venise, puis à New York et à Paris.

De 1929 à 1932 il exécute le triptyque Der Krieg (La Guerre).

En 1933, il quitte Dresde et s'installe avec sa famille au château de Randegg, au bord du lac de Constance.

En 1945, à l'âge de 54 ans, il est mobilisé dans le Volkssturm (troupe territoriale) et fait prisonnier. Il passe sa captivité à Colmar en France.

En 1946, Otto Dix revient à Hemmenhofen. Il participe à la première grande exposition de l'après-guerre à Dresde.

En 1955, Otto Dix est nommé membre de l'Académie des arts à Berlin-Ouest.

Otto Dix a une première attaque en 1967 et reste paralysé de la main gauche. En 1968, le triptyque Der Krieg (La Guerre) est acheté par les Collections nationales d'art de Dresde. Otto Dix fait don d'un ensemble de dessins au cabinet des Estampes de Dresde en 1969. Le 25 juillet, Otto Dix succombe à une deuxième congestion cérébrale.

 

La guerre

La guerre

"Le tableau [Der Krieg (La Guerre) NDLR] a été réalisé dix ans après la première guerre mondiale. J'avais, durant ces années, effectué de nombreuses études afin de réaliser ensuite un tableau traitant de cet événement. En 1928, je me suis senti prêt à aborder ce grand sujet dont l'exécution me préoccupa durant plusieurs années. A cette époque d'ailleurs, durant la République de Weimar, de nombreux livres prônaient à nouveau librement l'héroïsme et une conception du héros qui avaient été poussés à l'absurde dans les tranchées de la première guerre. Les gens commençaient à oublier déjà ce que la guerre avait apporté de souffrances atroces. C'est de cette situation-là qu'est né le triptyque."

Otto Dix

une des parties du triptyque de la guerre

une des parties du triptyque de la guerre

Le départ des poilus, août 1914

Le départ des poilus, août 1914

Le départ des poilus, août 1914

t d'Albert Herter, huile sur toile, Gare de Paris-Est, Paris , France

 

Albert Herter est connu en France pour être l'auteur d'une peinture monumentale de 60 m2 (soit 12 m sur 5 m), Le Départ des poilus, août 1914, exposée depuis 1926 dans le hall des départs

de la gare de Paris-Est à Paris. Cette toile illustre le départ pour le front des soldats français, les poilus, mobilisés en 1914. Elle fut peinte en souvenir de son fils tué près de Château-Thierry et enterré près du lieu de sa mort, dans les derniers mois de la guerre et inaugurée en présence du Maréchal Joffre.

Cette toile avait déjà été retirée en 1945 pour être nettoyée, les fumées des locomotives à vapeur l'ayant salie. Pour la petite histoire Albert Herter s'est représenté sur la droite du tableau c'est le vieil homme au bouquet de fleurs.

Cette histoire personnelle est essentielle dans la composition du tableau : Everit Herter est représenté au centre, les bras levés vers le ciel, la fleur au bout du fusil, pour dire à la fois l’ardeur de cet engagé volontaire et peut-être aussi son destin tragique. De manière symétrique par rapport à ce personnage central, aux deux extrémités du tableau, sont représentés ses parents, à gauche sa mère, les mains jointes, à droite, son père, le peintre lui-même, le buste incliné vers l’avant, une main sur le cœur, l’autre tenant un bouquet de fleurs, comme s’il s’inclinait sur la tombe de son fils enterré en France.

Ces trois personnages sont les acteurs et les témoins de la mobilisation lors de l’entrée en guerre. Le tableau n’est pas une représentation exacte du départ des soldats – en août 1914, les familles n’ont pas eu accès au quai et les soldats ne portaient pas leur uniforme – mais il témoigne de l’état d’esprit des soldats et de leur famille au moment du départ. L’allégresse, ou peut-être, plus justement, la détermination du personnage central, est contrastée par l’attitude de nombreux personnages du tableau : ceux, dans la partie supérieure de la fresque, qui sont déjà installés dans les wagons et qui regardent le quai avec gravité ; ceux, dans la partie inférieure, qui quittent leurs familles avec émotion.

Oeuvre de la semaine : La Première Guerre Mondiale et la peinture

Toutes les générations sont représentées.  Plusieurs jeunes pères enlacent leurs femmes ou leurs enfants : devant le wagon de gauche, un soldat embrasse son bébé sous le regard de sa femme avant de monter dans le train ; au pied du wagon du milieu, un autre mobilisé, serre dans ses bras sa femme aux jupes de laquelle s’accroche leur fils ; à droite, un troisième s’est accroupi pour dire au revoir à ses enfants. Outre lui-même et sa femme, Albert Herder a représenté parmi ces familles, des personnages plus âgés, probablement des pères et mères de soldats mobilisés : au milieu du tableau un homme assis sur une caisse, la tête dans les mains, est réconforté par son épouse.

Cette fresque est révélatrice du caractère ambivalent de l’opinion lors de la mobilisation, telle que la décrivent aujourd’hui les historiens, une opinion partagée entre détermination et résignation, moins enthousiaste, plus réservée que ce que l’image courante de soldats partis « la fleur au fusil » a parfois laissé croire.

Un lieu de mémoire

Le tableau a été inauguré le 7 juin 1926 dans le hall d’Alsace de la Gare de l’est, en présence du maréchal Joffre, du ministre de la Guerre, Paul Painlevé et de l’ambassadeur américain et devant « une foule profonde et toute remuée » (Le Petit Parisien, 8 juin 1926). La légion d’honneur a alors été remise à Albert Herder. Déposé et raccroché à plusieurs reprises, le tableau a été restauré en 2008 et peut-être vu dans le hall de la gare de l’Est, un édifice où l’empreinte mémorielle de la guerre de 1914-18 est très forte. 

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merci
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